Neuvième année pour ma série "un jour en". 2014 s'attache au quotidien: gestes, plats, maisons, objets, galaxies, créations, écrans, tout ce qui nous est familier, et que nous ne photographions donc que rarement.
Janvier a enjolivé le bazar, le b..., le (dé)rangement, le capharnaüm, qui fait notre quotidien. Comme une vengeance, face au linge qui s’accumule, lavé, repassé ou pas, aux crayons, chaussettes, et robes de chambre qui jonchent le sol, à la vaisselle qui s’amoncelle dangereusement au dessus de l’évier, aux objets divers et variés à l’équilibre précaire sur, sous, au pied des tables de nuit, aux coussins et doudous qui cherchent une place sur un lit dé-pas-fait, aux jeux qui ont perdu leurs boites, aux poubelles qui débordent, aux créations d’un jour qui émerveillent avant de congestionner, flétrir et être abandonnées à jamais dans un tiroir trop petit, parce-que les jeter directement ne se fait pas.
Février
s’est intéressé à ce qu’il y a ou avait dans nos assiettes, à Chaville, Sapporo ou Oz, chez nous, au restaurant d’altitude, d’aire de repos ou de centre commercial, au petit-déjeuner, déjeuner ou diner; melting pot de cuisine provençale, savoyarde, bretonne, chinoise, japonaise, italienne ou de brasserie.
Mars
a scruté les murs et sols en quête d’incongruités: graffitis, dessins sauvages, signes cabalistiques. Sur le chemin de l’école ou celui d’un hôtel hollandais.
Avril
a mis à plat les façades de ma rue, du chemin de l’école, du quartier des cours de danse, de mon lieu de travail, des lotissements sortis de mon enfance, celles de meulières, pavillons et immeubles.
Mai
a honoré quelques objets qui ont fait notre quotidien en ce mois de mai: les vélos de notre première sortie en vélo en famille en forêt, brosse à dent de voyage (Marseille), freebox looké par Starck, une bouteille pour fêter les premières chaleurs dans notre cour relookée, une cafetière et un clic-clac auxquels nous avons fait nos adieux après des années de bon et loyaux services, la clef de mon nouveau bureau, etc...
Juin a illustré les gestes du quotidien, du réveil difficile le matin, au coucher réconfortant pour les uns, frustrant pour les autres. Entre temps, il y a la consultation addictive de la tablette tout au long de la journée, les exercices imposés - brossage des dents, coiffure, cuisine -, et ceux plus exceptionnels - maquillage pour les spectacles de fin d’année ou la recherche des ptits poux -. Moments de détente enfin, sport, brico, lecture et dodo pour revenir aux priorités.
Juillet
s’est résumé au 14. Un 14 juillet. Lever tôt. L’autoroute. La mer. Les dunes. La friterie. Les champs. Les moutons. La baie. La plage. L’hôtel. Le défilé. Le bal. Le feu d’artifice.
Août
est allé au plus près de nous, mais, sur les berges de Paris-plage, la plage de Sérignan, sous la tente de Bédoin, sous le pommier de Bélézy, nous n’avions que peu à montrer. Alors, de cousinade en méchoui, des visages et des mains ont rejoint notre quotidien estival. Merci à eux.
Septembre
est rentré avec deux nouveaux acronymes: les TAP, temps d’activité périscolaire, le lundi à Anatole France, et les TAM, temps d’activité maman, tous les soirs ou presque. J’ai immortalisé sur le cahier de vivres de Carole toutes ces créations qui remplissent notre quotidien, jusqu’à la plus petite surface plane: chats, cerfs, hérissons et oiseaux, momies et couronnes mortuaires, guitare au coin du feu.
Octobre
questionne l’invasion des écrans, au travail comme à la maison. En voici une trentaine, tous différents, qui éclairent notre quotidien. La plupart peuvent afficher mes photos (de baie de Somme). Sont-ils incontournables, esthétiques, pratiques, menaçants, liberticides? Seront ils encore plus nombreux dans 10 ans, ou rassemblés et incrustés dans nos murs?
Novembre
illustre mon quotidien de chercheur astrophysicien. J’ai passé une partie du mois à produire ces images de galaxies spirales et elliptiques à partir d’un sondage optique ultra-profond de l’amas de la Vierge, effectué avec le Canada-France Hawaii Telescope. Ces photographies me racontent comment les galaxies naissent, s’assemblent, croissent et meurent.
Décembre
a couru après le temps, suivi un train et un avion d’enfer pour se rendre de mission en mission (Vienne, Strasbourg, Lyon), tenté d’allonger le temps pour évaluer dossier sur dossier, soigner toujours plus de malades, préparer Noël, et enfin profité d’un peu de temps familial à Orange, Saint Martin en Vercors puis Oz en Oisans.